RENCONTRE AVEC UNE CHIENNE REACTIVE CONGENERES

​Petite analyse d'une rencontre "professionnelle" entre mon chien FOXTROT et Mademoiselle B : Border Collie âgée de 8 ans, présentant une forte réactivité (= agressivité) vis-à-vis de ses congénères inconnus, avec antériorité de passages à l’acte.

Mon objectif premier, lors de cette rencontre (soigneusement planifiée dans un lieu neutre mais pas inconnu de B., en l’occurence la forêt voisine) n’était pas particulièrement de mettre ces 2 chiens en contact. 
​J’avais au minimum prévu d’observer à distance respectueuse le processus des emportements de B. afin d’évaluer plus précisément ses motivations et ses effets. 

Comme j’ai rapidement compris qu’une fois encore, j’allais pouvoir compter sur le calme olympien de mon « associé belge » FOXTROT le malinois,  j'ai décidé d'effectuer (patiemment, graduellement et avec l'aval du propriétaire de la chienne) une tentative de présentations, malgré une distance de déclenchement de 30 mètres environ, dès le premier contact visuel avec mon fidèle complice. 
En dépit de sa tonitruante colère, son comportement m’a convaincue de tenter tout de même une approche avec FOXTROT à la condition de bien procéder de manière très indirecte et très lente, tout en maintenant le tempo de la balade.

Puis, une chose en amenant une autre, après moults rapprochements infructueux et contournements habiles pour conserver des distances d'éloignement élastiques et acceptables, ses accès de fureur ont fini par se raréfier pour laisser place à une frustration évidente, c’est alors que LA RENCONTRE a pu se faire (Alleluia) calmement ! 
Ces présentations se sont faites dans les règles de l’art*, sans mise en danger je le précise : ni pour B, ni pour FOXTROT. 
Nous avons pu prolonger ce moment avec une belle balade tranquille, les 2 chiens marchant côte à côte.

Il y a toujours une part d’imprévu lorsque je rencontre de nouveaux binômes humain-chien ainsi que de nouvelles familles, et le facteur humain y est évidemment déterminant pour la suite des évènements. 

Je tiens donc à préciser, pour être tout à fait complète, que la première partie du rendez-vous a eu lieu à domicile, dans l’environnement habituel de la chienne pour l’entretien préalable de rigueur, et que dès mon arrivée en compagnie de mon FOXTROT, le propriétaire de B. a impeccablement géré son stress et ce, pendant la totalité de la progression. 
Il a fait preuve de calme et de sang-froid, ce qui a eu une influence très apaisante sur le comportement de sa chienne. Il a également respecté mes consignes à la lettre, durant tout l’« exercice ». 

Tout cela s’est passé sans cri, quasiment sans paroles, sans énervement, tension ni saccade. Les 2 chiens sont restés attachés (pas ensemble !) sans tension, la confiance n’excluant pas le contrôle pour les cas d’urgence.
La collaboration attentive et bienveillante de son humain aura donc été déterminante et nous aura permis de progresser bien plus vite que je ne l’avais initialement espéré. 

Alors, que conclure du déroulement de l'épisode ?

Qu’il serait illusoire, irresponsable et prétentieux de ma part de prétendre avoir tout résolu en 2 heures, surtout par l'intermédiaire d'une seule rencontre, artificielle et avec un congénère inébranlable et rompu à ce type de situation.
Qu'il n’existe pas de méthode révolutionnaire, et que les maîtres-mots restent OBSERVATION, PATIENCE et ANTICIPATION si l’on veut oeuvrer de façon à préserver l’authenticité des émotions, qui "accessoirement" nous serviront d’indicateur de « mesure » lors des ajustements de distances.

Le fait que B. ait fini par marcher tranquillement aux côtés de FOXTROT après avoir pris sa décision en une fraction de seconde**, a démontré à ses humains qu’avec des techniques d’approches respectueuses et appropriées, conjuguées à une bonne lecture comportementale => les rencontres avec d’autres chiens pourraient désormais s’envisager de façon un peu plus sereine.
Cela ne doit pas occulter le fait qu'il faudra généraliser progressivement et patiemment.
Nous y travaillerons.


**QUESTION CRUCIALE :
Pourquoi B. s’est-elle soudain détendue au contact de mon petit gars ???
Tout simplement parce qu’elle a toujours eu le choix de ses décisions, sans contrainte ni recours à la force, et qu’à un moment choisi librement, elle est allée au contact de FOXTROT qui a accepté sans broncher qu’elle lui flaire la zone péri anale ! Et ça n'est pas rien !!!

Dès qu’elle s’est sentie suffisamment en confiance pour le faire, son comportement s’est instantanément modifié, son corps s’est détendu et les 2 chiens ont réellement pu interagir et communiquer !
Ce n’est peut-être qu’un détail (un brin gênant) pour vous, mais pour nos amis les chiens, les odeurs concentrées sur cette zone en révèlent socialement BEAUCOUP (en tout cas nous nous plaisons à le croire) !
Il est donc sage d’encourager ce type d'initiative olfactive lorsque des chiens se rencontrent : c’est un ingrédient apparemment très précieux pour la préservation du lien social.

Les humains de B. détiennent désormais des outils pertinents pour poursuivre, et leur faudra bien-sûr continuer à travailler en ce sens lors des rencontres inopinées. Il leur faudra aussi organiser pour B. d’autres balades avec des chiens bien dans leurs pattes.

Mon rôle consiste à faciliter la relation sociale en anticipant les ajustements, à l’instar de mon irremplaçable associé FOXTROT qui s’est montré confiant et coopératif, sans émettre le moindre signal d’alerte, ce qui aurait bien-sûr pu compromettre le fragile équilibre de l’opération.

La confiance est essentielle : 
La confiance que mon chien m’accorde en sachant que je ne le placerai pas dans une situation qui pourrait l’amener à devoir se protéger lui-même, mais aussi la confiance que B. accorde à son humain lors de cette promenade, après la fureur engendrée par ce tout premier contact visuel avec FOXTROT et qui n'augurait rien de bon pour la suite.
Quand la confiance devient mutuelle, c’est presque magique !

FOXTROT n’est pas ce qu’on appelle un peu trop vite et un peu trop souvent un « chien régulateur » (tout le monde, ou presque, en a un, vous avez remarqué ?), mais il possède une stabilité et des compétences sociales indéniables qui seront utiles pour certaines problématiques, mais pas pour d’autres (pas grave, mes autres chiens sont très différents).


Pour conclure d’une façon plus générale, nous sommes nombreux à penser que l'on n'observe pas suffisamment nos chiens alors qu’eux-même passent l’essentiel de leur temps à nous scruter, scanner, dévisager, épier, etc.

Lorsque des circonstances leurs procurent des émotions fortes, nos chiens prennent notre « température » (comparaison certes imagée, mais ô combien efficace !). Ils jaugent ainsi ces imperceptibles réactions qui nous trahissent et qui transmettent notre stress.
Cette prise de « température » peut être lourde de conséquence puisqu’elle peut parfois les inciter, en l’absence d’anticipation de notre part, à prendre des décisions inappropriées lorsqu'ils estiment que les circonstances l’exigent (en particulier s'ils pensent devoir se protéger).

A titre personnel, j’y travaille encore souvent avec mes propres chiens en m’efforçant de les observer « m’observer » davantage lorsque des situations potentiellement tendues se présentent, je trouve cette activité passionnante.


​Et vous, les observez-vous lorsqu’ils vous scrutent en quête d’une aide à la prise de décision ?


MERCI de votre visite
Et, à très bientôt pour de nouvelles aventures


Pascale PICARD - CANIMOTIV
Comportement et éducation 
en méthodes respectueuses




*REMARQUE IMPORTANTE A PROPOS DES PRESENTATIONS : 
Les présentations entre des chiens qui ne se connaissent pas sont une étape cruciale et décisive. 
Si la première fois échoue, la ou les fois suivantes seront plus difficiles à réussir.
Par conséquent => autant s’appliquer dès le départ.
Pour optimiser les chances de réussite, il est ESSENTIEL de respecter certaines règles sur lesquelles je reviendrai bientôt un peu plus longuement, de manière non exhaustive tant il y aurait à en dire.